Entrevue – Pretend Play

Pretend Play par Rosalie Lemay, artiste multidisciplinaire

 

Comment est née votre marque et comment la décririez-vous ? 

Le tout a commencé quand j’étais plus jeune, au début des années 2000.  J’étais une adolescente avec un appétit pour être différente. J’ai vite appris à m’exprimer à travers les vêtements. La musique, les films et le nightlife m’ont poussé à me distinguer esthétiquement. Puis, j’ai compris très vite que j’allais me démarquer de la masse. On avait pas beaucoup d’argent à la maison, donc les pièces de designer n’étaient pas vraiment une option pour moi. J’ai commencé à magasiner dans les friperies très jeune, vers l’âge de 14 ans. C’est là que ma créativité s’est vraiment déclenchée. Trouver des trucs pas cher et les styliser à ma manière, c’était vraiment un “thrill”, un défi que j’aimais relever. Avec le temps, j’ai appris par moi-même différentes techniques de couture, de patronage, de peinture sur textiles, etc..

J’ai commencé à porter mes propres créations dans les bars et les clubs de Montréal. Mon élément était vraiment le nightlife, en particulier les after-hours qui régnaient sur la ville à ce moment-là. La “crowd”, mes amis et les clients me demandaient tout le temps d’où venait mes vêtements, si je pouvais leur confectionner des pièces. Ça m’a inspiré et j’ai commencé ainsi à faire des créations pour les autres, des pièces uniques et des commandes personnalisées. En 2014, pour mes 30 ans, j’ai lancé un vœux dans l’univers : je voulais faire partie du monde de la mode…

Je savais enfin ce que je voulais faire à l’extérieur des clubs et des bars. Un mois plus tard, mon vœux a été exaucé. J’ouvrais ma boutique Coolkoala au troisième étage de la boutique Citystyles sur la rue Sainte-Catherine Ouest. J’ai vraiment commencé par la fin lol !  Après huit mois. j’ai décidé de fermer les portes et me concentrer sur la vente en ligne. J’ai rapidement plafonné à Montréal et mon envie d’attaquer l’international m’a pris d’emblée. J’ai ensuite commencé à me concentrer sur ma marque plus que sur ma boutique, par l’entremise de laquelle je vendais du vintage et divers designers, en plus de mes propres créations. Il était temps de me mettre en premier plan.

De là est né Coolkoala, depuis renommé Pretend Play, une marque avec une esthétique punk, anarchiste, définitivement différente et divertissante. Organized chaos  ! (chaos organisé).

 

Parlez-moi de votre processus créatif ? 

J’ai grandi dans le vintage, je crée donc vraiment à partir de ce que je trouve. Je ne suis pas capable de créer à partir d’un canevas blanc. C’est plus facile pour moi avec des matériaux qui ont déjà eu du vécu, du passé, des histoires à raconter. Le côté recyclage vient de mon empathie, qu’elle soit pour les autres humains, les animaux ou la planète. Je “feel” vraiment beaucoup les énergies et mon processus créatif dépend (un peu trop) de mes émotions. Mes créations sont vraiment intemporelle ; je ne crée pas de collection pour des saisons ou des occasions. Je vais vraiment avec ce que je trouve comme matériaux, au feeling. Si j’ai envie de faire l’Halloween durant l’été et bien je la fais. C’est aussi une grande partie de moi, plutôt anarchiste, que d’être purement contre les lois ou les “façons de faire”.  Je dois vraiment tout le temps faire le contraire de ce qu’il “faut”, c’est plus fort que moi, voir pourquoi tous mes processsus, créatifs ou non, commence par la fin ! Je veux toujours prendre le chemin plus difficile, le chemin seul, à l’envers.

Quelles sont vos influences du moment ?

La COVID-19, la voix des opprimés et un été confiné en “fast-forward”.

Quelle est la pièce signature de votre marque ?

Je dirais mon sac à dos Oni ou mes casquettes !

Qui sont la femme et l’homme qui représentent le mieux votre marque ?

Pretend Play est non-binaire et ouvert à tous et toutes. Les personnes qui s’y identifient le plus sont définitivement des gens qui se sentent souvent mis de côté par la société, qui ne trouve pas chaussure à leur pied, qui se sentent oubliées ou mises de côté.

Quelle est votre plus beau souvenir relié à la mode ?

Ma mère dans ses robes d’echassières et ses vieux costumes de clown de cirque.

Comment relevez-vous les défis de la COVID ?

J’essaie encore de les relever donc on se reparlera après la deuxième ou troisième vague (rires).

Sur une note différente… quel est le livre sur votre table de chevet ?

“The Anarchist Cookbook” par William Powell, la série manga “Death Note”  par Tsugumi Ōba et un livre d’illustration “Tom of Finland” par Touko Valio Laaksonen.

La chanson que vous écoutez en boucle?

J’en écoute beaucoup trop pour n’en nommer qu’une seule… Pour faciliter ma réponse, je vais lister les albums que j’ai écouter dans la dernière semaine : “Dieux du Québec” (DDQ) par les Anticipateurs, “13th Floor” par Haviah Mighty et “Chromatica” par Lady Gaga.

Une télésérie que nous devrions visionner en rafale?

X-Files !

Votre recette du moment?

Si je pouvais me commander des burgers végans du Mimi & Jones tous les jours…

Et un film qui vous inspire?

Pour me résumer en tant que personne et comprendre mon art : “Akira” réalisé par Katsuhiro Ōtomo, “Showgirls” réalisé par Paul Verhoeven et “Tank Girl” réalisé par Rachel Talalay.

 

 


Andrew McNally

Je m’amuse souvent à répondre que je suis un hybride dans de la mode lorsque l’on me demande ce que je fais dans la vie. Je réponds ainsi car j’interviens de différentes façons dans ce milieu qui me passionne. Je suis chroniqueur mode au Journal de Montréal dans lesquelles je signe différentes chroniques, dont Mode de stars et Dans la garde-robe de… Je suis derrière l’image de chanteurs et d’acteurs du Star Système québécois. Je fais également de la direction artistique pour des événements mode et des défilés. Et j’occupe le reste de mon temps à enseigner la mode au Collège LaSalle !